Jules BRANDT


Jules Charles Emile BRANDT est un inventeur et ingénieur français d’origine alsacienne et picarde, né à Nauroy (Aisne) le 13 mai 1882 et mort à Draveil (Essonne) le 23 octobre 1959 à l’âge de 77 ans. Fils de Charles BRANDT et de Betsy BAS, frère d’Edgar BRANDT.

Marié avec Jeanne VILCOT (1882-1942), il a eu 4 enfants : William (1905-1982), Suzanne (1906-2004), Paul et Jacques.

En 1886, la famille BRANDT s’installe Boulevard de Châteaudun à Orléans, Jules a 4 ans et Edgar 6 ans. En 1895, ils déménagent rue de la Bourie-Rouge, à côté des usines Guillot-Pelletier où Charles BRANDT travaille comme ingénieur-dessinateur.

En 1894, pour leurs études secondaires, Charles BRANDT décide d’envoyer ses enfants à l’Ecole Nationale Professionnelle de Vierzon à 85 km au sud d’Orléans. Jules et Edgar sont de brillants élèves. Jules qui est entré un an après Edgar avance rapidement, il en sortira diplômé en même temps que son frère. La matière qui retient le plus son attention est la toute jeune électricité et ceci influencera durablement sa carrière.

En 1898, la famille s’installe au 36-38 rue de la Goutte d’Or à Paris.

Paris 18e - Immeuble de droite 36-38 Rue de la Goutte d'Or vers 1900, Source cparama.com.

Paris 18e – Immeuble de droite 36-38 rue de la Goutte d’Or vers 1900, Source cparama.com.

Jules commence à travailler en usine aux pièces mécaniques payé à l’heure. Il y rencontre Albert FOUILLERET. Jules est un grand sportif, il bat le record du 100 m à pied en 11 secondes et fréquente des nageurs célèbres avec son frère Edgar, à la piscine Deligny.

Championnats militaires de natation aux Bains Deligny le 16 aout 1913, Source gallica.bnf.fr.

Championnats militaires de natation aux Bains Deligny le 16 août 1913 – Source gallica.bnf.fr

En 1902, après son service militaire accompli au 132e régiment d’infanterie et au 9e chasseurs, il revient à l’usine au bureau de dessin. Très vite il est remarqué par la compagnie des téléphones EDISON, dont il devient le directeur à 24 ans. Il se marie en 1904 et cohabite à Paris dans le 18e arrondissement avec Edgar et son épouse de 1904 à 1907.

En 1904/1905, il abandonne son magnifique poste de directeur pour créer une entreprise de matériel électrique rue Tandou dans le 19e arrondissement. L’affaire prenant de l’ampleur, il s’installe et construit une usine rue Cavendish et prend comme associé Albert FOUILLERET. Ils achètent ensemble un moulin à Longueville et y installent une autre usine spécialisée en matériels électriques.

En 1907, le couple s’installe dans le 19e arrondissement avec leurs quatre enfants jusqu’en 1947/1948.

En 1914, la guerre éclate, Jules est envoyé sur le front le 11 août 1914 au 332e régiment d’infanterie de Reims. Le 11 Octobre 1914, il se blesse accidentellement à la cuisse à coté de Beuvraignes. Il est envoyé en convalescence au château de la Motte, transformé en hôpital, à Lamblore à proximité de la Ferté-Vidame (Eure-et-Loir).

Château de la Motte à Lamblore à proximité de la Ferté-Vidame (Eure-et-Loir), source Cercle de Recherches Généalogiques du Perche-Gouët.

Château de la Motte à Lamblore à proximité de la Ferté-Vidame (Eure-et-Loir) – source Cercle de Recherches Généalogiques du Perche-Gouët.

Le 30 décembre 1914, il est mis en sursis d’appel à la demande de son frère Edgar afin de l’aider à la mise au point de l’obusier dont il vient d’avoir eu l’idée quelques mois plus tôt. Les deux frères collaborent activement, Jules sera en particulier chargé de la fabrication des obus à ailettes assez novateurs destinés à l’obusier pneumatique. Les deux frères déposeront ensemble plusieurs brevets concernant l’obusier et ses projectiles.

En 1916, c’est le début de l’usine à Crosne, (une casemate destinée à ces obus existe toujours).

Usine de Crosne vers 1917 - Fabrication d'obus, source inconnue.

Usine de Crosne vers 1917 – Fabrication d’obus – source inconnue.

Les deux frères continuent à perfectionner ensemble l’obusier de 60mm. Devant l‘avancée inquiétante des Allemands, ils achètent plusieurs sites en France qui seront revendus par la suite.

Usine de Crosne vers 1917, source inconnue.

Usine de Crosne vers 1917 – source inconnue.

La guerre terminée, Jules reprend ses activités dans le domaine de l’électricité, perfectionnant les transformateurs et autres appareils spéciaux pour l’éclairage. Il développe à Crosne différents systèmes d’éclairage connus sous le nom « d’éclairage rationnel », dont des fontaines lumineuses, qu’il installe à Grenoble et Luchon.

Les P.T.T., les Chemin de Fer et les terrains d’aviation furent ses meilleurs clients. En 1922, après avoir été locataires des bâtiments, Jules et Albert FOUILLERET achètent le Moulin de Crosne. Après avoir été usine d’armement, il deviendra une usine d’éclairage et accueillera jusqu’à une centaine de salariés.

Usine de Crosne- Eclairage Rationnel, Atelier d'outillage, source inconnue.

Usine de Crosne- Eclairage Rationnel, Atelier d’outillage – source inconnue.

Usine de Crosne - Eclairage Rationnel, Atelier de décolletage, source inconnue.

Usine de Crosne – Eclairage Rationnel, Atelier de décolletage – source inconnue.

Usine de Crosne - Eclairage Rationnel, Le montage, source inconnue.

Usine de Crosne – Eclairage Rationnel, Le montage – source inconnue.

Cette société développera et produira de nombreux matériels électriques allant du fusible au compteur, en passant par les sectionneurs et systèmes électrotechniques à contacteurs et les matériels d’éclairage et d’illumination. Ils équiperont, en autre, le paquebot « Le Normandie » pour tout ce qui concernait l’électricité.

Cuisine du paquebot transatlantique Le Normandie, cpa source inconnue.

Ils fourniront aussi du matériel électrique lors de la construction de la ligne Maginot, dont des dispositifs de rupteurs (arrêt d’urgence) et de protection courant continu pour la traction électrique installée dans les ouvrages fortifiés.

Nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, il était également président du groupe d’électricité à la Foire de Paris, ainsi que vice-président du Syndicat des Industries électriques.

Jules réalisera également un moteur à essence sans piston ni soupape qu’il avait adapté sur une voiture révolutionnaire de sa conception : pas de porte latérales, entrée par l’avant.

Au salon de l’automobile 1948, démonstration de l’accès à bord de la Reine 1950 par M. Jules Brandt, source inconnue.

Ce modèle fut présenté au Salon de l’Automobile 1948. Par manque de partenaires industriels, ce prototype baptisé « Reine 1950 » ne fut pas commercialisé.

A la veille de 1938, Jules est présenté comme un patron social (article en première page du Matin) menant son usine avec paternalisme, ayant déjà octroyé à ses ouvriers les congés payés, avant le Front Populaire. Chaque année à l’occasion des fêtes de fin d’année, une grande réception était organisée, à laquelle était invité tout le personnel (150 convives). Suzanne, fille du patron, dansait alors avec les ouvriers.

Vers 1948, Jules prend sa retraite dans sa maison de Draveil, « Sweet Home », et passe la main à ses fils. En 1953, Jules partage ses biens et sa fille Suzanne reçoit la propriété de Crosne. Jules décède dans sa maison le 23 octobre 1959. Il est enterré au cimetière de Draveil.

Jules Brandt - Portrait du Musée de Chevau.

Jules BRANDT – Portrait du Musée de Chevau.

Remerciements

Benoit, Patrick, François, Claude.

Sources

Crosne Info – Novembre 2006.
Echanges entre Madame Suzane BRANDT et les membres de l’association.
Correspondance privée entre Monsieur François BRANDT et les membres de l’association.
Joan Kahr – Edgar Brandt: Art Deco Ironwork
Le Matériel Electrique BRANDT et Fils | Wikimaginot

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