Edgar BRANDT promu Commandeur de la Légion d’honneur


Pour l’œuvre de sa vie, Monsieur Edgar BRANDT est promu au grade de Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur par décret du 27 septembre 1957.

Invitation à la remise officielle de la cravate de Commandeur de la Légion d’honneur d'Edgar Brandt le 27 septembre 1957, Source François Brandt, Fonds Gorgeon.

Invitation à la remise officielle de la cravate de Commandeur de la Légion d’honneur d’Edgar Brandt le 27 septembre 1957, Source François Brandt, Fonds Gorgeon.

Cher Monsieur Edgar BRANDT,

Votre modestie dut-elle en souffrir, je me sens le devoir de retracer ici, devant les vôtres et devant vos amis, les titres que vous vous êtes acquis à la reconnaissance de la France et que consacre la Cravate de la Légion d’Honneur que je vais vous remettre au nom du Gouvernement.

Ces titres s’inscrivent dans la relation de votre vie, une vie que vous avez vouée au service de la nation dans les travaux de la paix et dans les épreuves de la guerre.

Voici plus de cinquante années que, sortant de votre service militaire, vous avez fondé les ateliers qui portent votre nom. Vous y avez fait revivre et vous y avez rénové un art noble qui fut naguère un des fleurons de la couronne du goût français : le grand art de la ferronnerie. Vous lui avez imprimé un essor rapide et magnifique et les ouvrages que vous avez produits, sont venus embellir nos monuments publics, nos grandes demeures privées, nos Palais de Justice, nos gares, nos paquebots, en même temps qu’ils se répandaient à l’étranger. Ils ont été bientôt connus et recherchés dans le monde entier pour le grand bénéfice du renom et du rayonnement des arts et des industries de la France.

Puis survint la guerre, la première des deux guerres, qui exigeait que toutes les ressources du pays fussent mises au service exclusif de la victoire. Aussi avez-vous spontanément converti vos ateliers en usines de la Défense Nationale et mis à la disposition du Secrétariat d’Etat vos inventions, votre savoir, vos conceptions, votre imagination. Vous avez créé des matériels efficaces de plus en plus adaptés, de plus en plus puissants, des matériels qui frayèrent les chemins périlleux de la victoire à notre infanterie. Cette infanterie ne l’a pas oublié et il n’est pas un soldat, pas un officier dans l’armée qui ne sache votre nom et ne l’honore.

Vous avez fait plus encore. Vous n’avez pas seulement procuré des armes aux combattants. Comme eux, vous avez versé votre sang ; et le 28 Janvier 1918 – si j’ai bonne mémoire – vous avez été grièvement blessé au cours d‘expériences de démonstration d’un matériel nouveau qui se déroulaient au Grand Quartier Général.

Ces services de guerre éminents vous ont valu une juste récompense, la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur décernée à titre militaire.

La paix revenue, vous avez rendu à votre entreprise sa structure originelle sans pourtant abandonner vos fabrications d’armements. De sorte que la réputation de la Maison BRANDT ne fit que s’accroître et se développer sous le double signe de la ferronnerie d’art et des matériels de guerre. Heureuse précaution ! puisqu’au terme d’une paix précaire, un nouveau conflit devait éclater. Et lorsqu’en 1939, il survint de nouveau, vous vous trouviez prêt à consacrer votre personne, vos études, vos inventions, vos usines aux besoins de la Défense Nationale.

Nous savons tous ce que fut alors votre rôle. Nous nous souvenons aussi qu’en 1940, au moment de l’armistice, vous avez spontanément fait parvenir au gouvernement américain les secrets de fabrication de certaine grenade antichar à charge creuse, d‘une puissante efficacité, que vous aviez inventée.

Nous savons enfin avec quel patriotique dévouement en 1942, vous avez suivi les suggestions du Général VERNEAU, le chef d’État-major de l’époque, qui vous demandait de vous installer en Suisse afin d’y poursuivre vos études et vos recherches de matériel.

Voilà je crois, des faits qui honorent votre personne et témoignent de votre dévouement à la chose nationale. Ils n’épuisent point pourtant la liste des services éminents que vous avez rendus à la France. Le dernier en date est dans nos mémoires. Dans le sillage de Monsieur le Ministre André CORNU, de M. VAN DER KEMP, Conservateur du Château de Versailles, vous vous êtes fait l‘artisan de la restauration de cet incomparable monument de la magnificence des arts de. la France. Par vous, Versailles & recouvre ses admirables grilles de fer forgé revêtues d’or, que la demeure du Grand Roi avait perdues au cours des siècles et les a recouvrées par la grâce de l’art de la ferronnerie que vous avez fait renaître et aussi par l’effet de votre admirable générosité.

Ainsi avez-vous accru la dette du pays envers vous et justifié largement et l‘attribution de la Cravate qui vous a été décernée, et le souci qu’a eu le Grand Chancelier, de ne point laisser à un autre que lui-même, l’honneur de vous la remettre.

Il le fait avec joie aujourd’hui, en se souvenant qu’en Juin dernier, il avait été empêché d’y procéder en raison de votre grave état de santé. Il le tait avec joie parce que vous avez vaincu la maladie et qu’il en augure pour vous, qui êtes sont contemporain, de longues années d’existence qui à nouveau vous permettront de bien servir la France.

Monsieur Edgar BRANDT
au nom du Président de la République
et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés,
nous vous faisons Commandeur de la Légion d’Honneur.

Insigne de Commandeur de la Légion d'honneur.

Insigne de Commandeur de la Légion d’honneur.

Le Général d’Armée CATROUX
Grand Chancelier de la Légion d’honneur

Edgar Brandt vers 1953, Source François Brandt, Fonds Gorgeon.

Edgar Brandt vers 1953, Source François Brandt, Fonds Gorgeon.

Remerciements

François.

Sources

Correspondance privée entre Monsieur François BRANDT et les membres de l’association.
Grande chancellerie de la Légion d’honneur
Musée de la Légion d’honneur — Wikipédia