Au Salon de l’automobile de Paris d’octobre 1948, Jules BRANDT présenta une automobile baptisée “Reine 1950”. Ce modèle fut présenté également en 1949 sous une forme pratiquement identique. Ce véhicule révolutionnaire était le résultat de 15 années de travaux et Jules se plaisait à dire que dans sa voiture il n‘y avait pas une seule pièce, pas un seul détail qu’il n’eût inventé et réalisé.
Le Salon de l’automobile 1948 de Paris
« Il y a aussi, à ce Salon, les poètes de la mécanique, les Picasso du dessin. Telle la Reine 1950 de [Jules] Brandt, dont le moteur se fait remarquer par ses huit cylindres opposés deux à deux, deux temps, d’une cylindrée de 935 centimètres cubes, alimentation par injection, puissance fiscale 5 CV ; traction avant, carrosserie monocoque entièrement décapotable. On peut s’introduire dans le véhicule par l’avant, en passant par-dessus le groupe moteur, ou par l’arrière ; il n’y a pas d’ouverture sur les côtés. Seulement, vous ne pourrez guère vous offrir cette gymnastique avant 1950. »
G. AVANDO, Ingénieur E. T. P.
Le Chasseur Français N°623 Décembre 1948 Page 262
Carrosserie et châssis
Le véhicule faisait 4,13 m x 1,87 m. La carrosserie aérodynamique de cette petite berline était monocoque à plancher plat et disposait de deux portes, une à l’avant, l’autre à l’arrière qui permettaient un stationnement facile en épi.
Les 4 sièges indépendant étaient disposés de part et d’autre d’un couloir central.
La suspension faisait appel à des parallélogrammes déformables et des éléments de caoutchouc. Les freins bénéficiaient d’un double circuit. Les roues en alliage léger étaient situées aux quatre coins du châssis, supprimant ainsi tout porte-à-faux. Elles étaient indépendantes et directrices.
Motorisation
Cette traction avant possédait un moteur très compact et tout à fait particulier de 935 centimètres cubes.
Le moteur en barillet était à deux temps avec deux pistons opposés par cylindre. Il comportait 4 cylindres moteurs et 4 cylindres opposés qui pompaient l’air nécessaire à la combustion. Chaque piston faisait 43 mm d’alésage et 86 mm de course. Les pistons étaient fixés sur deux plateaux inclinés par des bielles et rotules à la manière d’une pompe hydraulique. Les plateaux inclinés étaient fixés sur un arbre creux, ce qui permettait à la transmission de la roue opposée de pouvoir traverser le moteur.
Le moteur attaquait une boite de vitesse six rapports à trains épicycloïdaux par l’intermédiaire d’un embrayage magnétique. On trouvait ensuite un différentiel. Les roues avant motrices étaient ensuite entraînées par des arbres munis de cardans.
Le carter moteur mesurait à peine 30 centimètres de large et la puissance annoncée était de 75 ch à 3400 tr/min, assez pour entraîner la “Reine 1950” à 165 km/h.
Autre point original : l’éclairage. Les phares se présentaient sous la forme de deux fenêtres étroites et hautes. Le système optique était en retrait d’une quarantaine de centimètres du plan de sortie et canalisés par des plans horizontaux. Ainsi les rayons lumineux n‘éblouissaient pas les autres conducteurs.
Le prototype de démonstration était exposé sur les salons sans son toit.
C’était sans doute, une des voitures les plus novatrices de la période d’après Guerre.
Un autre modèle, équipé d’un moteur plus réduit et de 3 roues, devait assurer le transport de 2 personnes, soit 225 kg de charge utile pour un poids à vide de 260 kg.
La nécessité de la fabriquer en grande série et les contraintes du marché ont eu raison de ces prototypes. Cette “Reine”, magnifiquement conçue, ne fut jamais produite, Jules ayant échoué à trouver les partenaires industriels nécessaires à son développement.
Remerciements
Claude.
Sources
Le Petit Fumiste Illustré – Numéro 10 – Février 2008 – Article : Voiture profilée de Charles-Emile-Jules Brandt
Le Salon de l’Automobile 1948 — Le Chasseur Français.