La piscine Deligny


La piscine Deligny, ou bains Deligny, était une piscine flottante à ciel ouvert sur la Seine, amarrée sur la rive gauche (quai Anatole-France, dans le 7e arrondissement de Paris) depuis 1796. Elle possédait un restaurant et des salons privés.

Piscine Deligny à coté du Pont de la Concorde, source paris1900.lartnouveau.com

Piscine Deligny à coté du Pont de la Concorde, source paris1900.lartnouveau.com

Les frères BRANDT (Edgar et Jules) la fréquenterons assidument au milieu d’autres nageurs célèbres à partir des années 1898.

La piscine Deligny fut le lieu des épreuves de natation des Jeux olympiques de 1900.

Championnats militaires de natation aux Bains Deligny le 16 aout 1913, Source gallica.bnf.fr.

Championnats militaires de natation aux Bains Deligny le 16 aout 1913, Source gallica.bnf.fr

C’était un lieu très prisé où il fallait se faire voir.

Vue intérieure des bains Deligny, à Paris. Gravure de Grandville vers 1845, source www.parisenimages.fr © Roger-Viollet.

Vue intérieure des bains Deligny, à Paris. Gravure de Grandville vers 1845, source www.parisenimages.fr © Roger-Viollet.

Yann Martel, dans son célèbre livre « L’Histoire de Pi », mentionne que les piscines de Paris était à cette époque sales, non filtré et froide. En 1919, on installera un système de filtrage pour remédier aux dépôts boueux qui incommodaient les nageurs.

« Mamaji avait étudié à Paris pendant deux ans, aux frais de l’administration coloniale. Il s’y était follement amusé. C’était au début des années trente, alors que les Français essayaient encore de rendre Pondichéry aussi française que les Anglais tentaient de rendre britannique le reste de l’Inde. Je ne me souviens pas exactement de ce que Mamaji étudiait, quelque discipline touchant le commerce, je suppose.

C’était un merveilleux conteur d’histoires, mais oublions ses études, la tour Eiffel, le Louvre ou les cafés des Champs-Élysées. Il ne racontait que des histoires sur les piscines et les concours de natation. Il y avait, par exemple, la piscine Deligny, la plus ancienne de la ville, qui remontait à 1796, une barge en plein air amarrée au quai d’Orsay et où eurent lieu les compétitions de natation des Jeux olympiques de 1900. Mais la Fédération internationale de natation n’avait reconnu aucun des temps chronométrés, car la piscine avait six mètres de long en trop.

L’eau de la piscine venait directement de la Seine, sans être filtrée ni chauffée. « Elle était froide et sale, disait Mamaji. L’eau, qui avait déjà traversé tout Paris, était plutôt dégoûtante. Et en plus les baigneurs la rendaient totalement infecte. » D’un air entendu, Mamaji murmurait des détails choquants qui étayaient son propos. Il nous confiait que les Français avaient de très mauvaises habitudes d’hygiène personnelle. « La piscine Deligny, de ce côté-là, était déjà plutôt mauvaise. Le Bain-Royal, un autre lieu d’aisances sur la Seine, était pire. À Deligny, au moins, on recueillait les poissons morts. » Quoi qu’il en soit, une piscine olympique est une piscine olympique, effleurée par une gloire immortelle. Mamaji parlait toujours de Deligny avec un sourire attendri, même si c’était un cloaque. »

Extrait de « L’Histoire de Pi » par Yann Martel.

En 1993, trois ans seulement après un accident provoqué par le heurt d’une péniche, la piscine Deligny sombra en moins de quarante minutes. Deux cent ans d’exotisme et de frasques aquatiques parisiennes finirent par quatre mètres de fond.

Sources

Yann Martel – L’Histoire de Pi.
Piscine Deligny — Wikipédia.

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